Il était une fois une petite souris qui n’avait aucune dent.
Elle est née comme ça et elle a grandi comme ça, sans dents.
Au début elle n’en avait pas besoin puisqu’elle tétait sa maman.
Mais, peu à peu, sa maman lui apportait du foin, des graines et des carottes.
Le foin arrivait à passer : elle en mâchouillait des petits bouts et elle arrivait à les avaler.
Pour les graines, c’était déjà plus dur : elle pouvait avaler les petites graines, mais elle laissait les plus grosses de côté.
Quant aux carottes elle ne pouvait rien en faire !
Dès qu’elle a pu sortir du nid, elle commença à farfouiller tout autour afin de récupérer quelques miettes qui traînaient sur le sol.
Petit à petit elle grandit en se débrouillant avec la nourriture qu’elle trouvait.
Elle sortait principalement la nuit, elle était plus tranquille.
Elle faisait très attention, elle marchait en silence, se cachait au moindre bruit, sans bouger, en attendant que le calme revienne.
Elle savait que les chats n’ont pas de frontière, ils passent partout, ils entendent tout, ils surveillent tout ce qui bouge et, bien sûr, ils se régalent avec les petites souris.
Elle savait aussi que les humains n’aiment pas beaucoup les petites souris.
Alors elle restait toujours en éveil.
Mais, parfois, la faim et le froid l’obligeaient à aller voir plus loin pour trouver de la nourriture qu’elle puisse ingurgiter sans problème.
Un soir, en fouinant çà et là , elle découvrit un petit passage qui menait dans la maison des humains.
Ce fut une belle découverte : il y avait une douce lumière, de la chaleur, des odeurs de cuisine et une agréable atmosphère de paix.
En visitant la cuisine, bien sûr, et la salle à manger, elle se régala à souhaits avec de minuscules morceaux de légumes et des miettes de pain, de gâteau et de fromage.
Elle avait si bien mangé et il faisait si bon dans cette maison si accueillante qu’elle entreprit de chercher un petit coin tranquille pour se reposer.
Elle découvrit une petite chambre avec un petit lit, mignon comme tout.
En s’installant sous le petit oreiller, elle se trouva nez à nez avec une petite dent toute blanche.
Quelle surprise ! une dent ! elle qui n’en a pas une seule !
« Vite, réfléchissons : je vais la mettre dans ma bouche et la coller, ainsi je pourrai manger plus facilement tous les aliments. »
Sitôt dit, sitôt fait, la dent fut installée.
Puis, pour remplacer la dent sous l’oreiller, la petite souris ramassa une pièce de monnaie par terre et la mit sous l’oreiller.
Ensuite elle s’échappa vite fait et retourna dans son logis, toute fière.
Enfin elle pourra manger, mâcher, croquer tout ce qui lui plaira.
Depuis ce temps-là les dents de lait des jeunes enfants font le bonheur des petites souris sans dents.
Pierre Bouvier
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