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Centre d’élevage de Milly-la Forêt


Je suis de l’Assistance

« J’en veux plus de ces mômes,

Et toujours aux abois,

J’ai fini de payer,

Fatigué de l’enfance

Epaulée par mon homme,

Qui me hante parfois.

La machine à laver ! »


(Un enfant de malheur

« Ils ont tous quelque chose

A la vie déchirée,

D’anormal, forcément,

Alourdi de raideurs

Pour un rien ils nous causent

Par un cœur étouffé.)

Des ennuis, sûrement ! »


« J’ai fait beaucoup pour eux

« Ca, c’est un fils de rien,

Mais pour bien les él’ver

Ca pue, ça ment, ça vole,

Sans trop casser les œufs

Et ça vit comme un chien,

On est bien mal payé ! »

Et ça glande à l’école… ! »



« Ils nous coûtent trop cher

« Leur père est alcoolique,

A manger à tout va,

Leur mère est une putain,

Ils usent la lumière

Ils sont si impudiques

Avec tous leurs tracas… ! »

A crier leur chagrin ! »


« Ils vont souvent au Centre

Assistance Publique

Y voir un médecin

Aux nourrices payées,

Car là-bas on y entre

Quelques fois maléfiques,

Comme dans un moulin ! »

Jusque là m’ont mené.



« Ils sont bien trop gâtés,

Je suis de l’Assistance

Un colis pour l’hiver,

Et toujours aux abois,

Un colis pour l’été,

Fatigué de l’enfance

Ils ont bien trop d’affaires ! »

Qui me hante parfois…

« Et ils partent en vacances

(Ma nourrice était douce

Aux bons soins de l’Etat,

Et sa famille aussi,

Alors qu’à notre enfance

En mon cœur ils sont tous,

On n’avait pas tout ça ! »

Chère famille unie.)


« Si nos enfants avaient,

Mais dur est le repos

Comme ces gosses-là,

D’un enfant qui sommeille

Autour d’eux tant de frais

A côté du fardeau

Et de soins à leurs pas… ! »

Déposé l’avant-veille.

Pierre Bouvier


© Droits réservés / Photo : Jonathan Knepper, Unsplash


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