Dans ta famille rassemblée chaque semaine
Je me sentais petit dans ma timide peine,
De tout mon cœur j’ai longuement cherché ma place,
Elle était sans Histoire, étouffée dans la masse,
Et j’étais sans espoir de pouvoir la trouver,
Bousculé dans ma tête et mon cœur fatigué.
C’était parfois difficile… mais tu étais là.
Je me suis replié dans un tout petit monde
Car j’étais aveuglé par ces trop riches ondes
Qui planaient autour de moi sans vraiment me voir
Et que j’ai jalousées sans vraiment le vouloir
Et parfois tourmenté de n’être pas chez moi
Mais aussi troublé de l’avoir dit sans la foi.
C’était parfois difficile… mais tu étais là.
Quand je me suis cassé les jambes et les dents
A l’hôpital et au sana tu vins souvent,
Quand j’ai recherché ma famille d’origine
(Je ne peux vivre sans connaître mes racines)
Tu n’as rien dit, et je crois que tu l’as compris.
J’ai voulu te redire… mais tu étais partie.
C’est parfois difficile… mais tu es toujours là.
Je t’ai fait du souci et parfois te vexais
En déchirant ma vie rongée par un abcès,
Ton rôle de nourrice était souvent ingrat,
Ton cœur déjà chauffait l’enfant qui était là
Mais le Centre pesant retardait le foyer,
Il m’a fallu du temps pour si bien m’attacher.
C’est parfois difficile…mais tu es toujours là.
Il est dur d’élever un enfant rapporté
Qui ne peut pas se voir ainsi abandonné
Car il fuit et se résigne à son triste sort,
Il se croit puni d’une faute qu’il ignore.
La tâche était pénible mais avec ton cœur
Tu as su m’éduquer dans un coin de bonheur.
C’est parfois difficile… mais tu es toujours là.
Et de la famille tu en as fait l’esprit,
Tissant jour après jour le lien qui nous unit,
Simplement, sans détour, mais avec ce courage
Où la force posée repousse les nuages.
Pour toutes ces années que tu as méritées
Je pense à toi, ma mère pour l’éternité.
Pierre Bouvier
© Droits réservés / Photo : Joanna Kosinska, Unsplash
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